Soccer masculin

Au-delà du sport et du titre national

À sa 25e saison comme entraîneur-chef sur le circuit universitaire, l’entraîneur-chef de l’équipe masculine de soccer des Carabins de l’Université de Montréal, Pat Raimondo, l’admet d’emblée : il passe par toute la gamme des émotions depuis la première conquête du championnat canadien U Sports dans l’histoire de 18 ans des Bleus.

Aux commandes de la formation depuis sa création en 2001, Raimondo en a passé des heures à préparer ses étudiants-athlètes en vue de cette conquête ultime. Il connaissait le chemin, ayant mis la main sur le titre national en 1997 alors qu’il dirigeait les Redmen de McGill. Encore fallait-il trouver le bon moyen de transport pour arriver à destination.

Questionné à savoir ce que change ce titre national, Raimondo y va d’une réponse qui peut en surprendre plusieurs.

Honnêtement, à part les émotions et la grande joie, ça ne change rien. Ça ne fait que confirmer ce que nous faisons. Et que ça fonctionne. Nos décisions et nos actions sont basées sur des valeurs humaines. On savait qu’un jour ça arriverait. Le coaching, ça va bien au-delà du sport. On bâtit quelque chose qui représente beaucoup plus que des victoires et des championnats.

Là où sa voix change un peu c’est quand il raconte toutes les émotions et les moments qui lui viennent en tête depuis le coup de sifflet ayant mis un terme à la finale nationale dimanche à Vancouver, un gain de 2-1 obtenu en prolongation sur les Capers de Cap-Breton.

Les deux ou trois premières minutes, ça se passait dans la tête, mais encore plus dans le cœur. J’ai eu plusieurs images d’anciens joueurs qui ont tout donné à travers les années pour nous aider à faire avancer notre programme de soccer. On a surmonté plusieurs obstacles pour y arriver.

En contact régulier avec plusieurs de ses anciens protégés, Raimondo confirme qu’il pense beaucoup à eux à travers les célébrations avec ses joueurs actuels.

J’ai reçu au moins 75 messages textes d’anciens après le match. Et ça provenait d’un peu partout à travers la planète, ajoute-t-il en faisant allusion à la composition multiculturelle caractéristique aux Carabins depuis leurs débuts. J’ai un ancien qui est en Afrique qui m’a envoyé une photo de lui, il portait son t-shirt des Carabins d’il y a 10 ans pour souligner notre victoire.

Avec son expérience et ses qualifications, il est notamment le premier et un des rares Québécois à détenir une licence UEFA de niveau A, Raimondo aurait sans contredit pu œuvrer sous d’autres cieux, dont dans les rangs professionnels. Il est toutefois très attaché au circuit universitaire et à ce qu’il incarne.

On a l’opportunité d’influencer positivement des jeunes dans un moment important de leur vie, juste avant qu’ils deviennent de vrais adultes. C’est une responsabilité importante, mais c’est aussi ce qui est inspirant dans ce travail.

Maintenant que les émotions reviennent tranquillement à la normale et que la poussière redescend, Raimondo souhaite profiter des jours à venir pour souligner cet exploit avec ses joueurs de l’édition actuelle.

 On avait un groupe spécial cette année. C’était clair dès le camp d’entraînement que leur objectif était de terminer le travail entamé l’an dernier, dit-il en faisant allusion au revers subit en finale nationale en prolongation, face à ces mêmes Capers. Nous resterons unis ensemble pour le reste de nos jours grâce à ce championnat.

Cette conquête élargit nos succès en tant que programme de sport universitaire, ajoute la directrice Manon Simard. Chaque fois qu’une de nos équipes met la main sur son premier titre national, notre programme prend de l’ampleur. Le soccer est le sport le plus pratiqué dans les universités canadiennes. La compétition est donc relevée et nombreuse et nous venons de remporter deux championnats de soccer en deux ans, c’est un reflet de la qualité de notre encadrement », ajoute-t-elle en faisant référence à la bannière féminine remportée en 2017.

Preuve que le coaching est une véritable vocation pour Raimondo, l’entraîneur pense déjà à la prochaine saison alors que les odeurs de champagne ne se sont pas encore toutes dissipées.

On perd quelques joueurs de premier plan, mais notre noyau demeure solide. On va tout faire pour gagner un deuxième championnat de suite.