Olivier Trudel, un Carabin à Bahreïn

Montréal, le 16 avril 2012 – Le maitre de cérémonie du récent Gala Méritas des Carabins de l’Université de Montréal, Michel Lacroix, n’a salué sa présence qu’à la fin de la soirée parce qu’il rentrait tout juste d’un long voyage. L’entraîneur-chef de l’équipe féminine de volleyball Olivier Trudel ne revenait pas de Varennes, comme certains l’avaient entendu, mais bien de Bahreïn, où il a donné des ateliers sur le leadership durant quatre jours.

Là-bas, Olivier Trudel se levait tôt. Un chauffeur l’attendait à l’entrée de son hôtel dans la capitale, Manama, pour le conduire au stade de soccer. Cet établissement de 35 000 sièges abrite notamment une piscine, une salle de musculation et une piste d’athlétisme, en plus de servir de centre d’entrainement.

Un groupe de 25 entraîneurs bahreïniens de haut niveau, dont une seule femme, l’y attendait pour entendre son exposé. Une fois le choc culturel passé, Olivier Trudel s’est rapidement adapté à ce nouvel environnement. «C’était la première fois que je donnais une conférence devant des gens d’une autre culture, dit-il. C’était très enrichissant de pouvoir travailler avec des personnes possédant une formation sportive différente. Nous avons pu tisser des liens assez facilement.»

Le loquace entraineur a cependant dû ralentir son débit. «Je devais m’interrompre toutes les trente secondes pour permettre à l’interprète de répéter mes propos», raconte-t-il.

Bahreïn déploie des efforts pour s’améliorer
Ce royaume insulaire du golfe Persique désire bonifier son programme olympique. Il chérit l’espoir de rivaliser avec les puissances asiatiques telles que le Japon, la Chine ou encore la Corée du Sud. Aux derniers Jeux olympiques d’été, à Beijing en 2008, Bahreïn avait une délégation de 15 athlètes, principalement en athlétisme. Il n’a jamais remporté de médaille.

Ce pays d’un peu plus d’un million d’habitants a donc fait appel à l’expertise canadienne. Ayant une bonne réputation à l’échelle mondiale, le programme de formation d’entraineurs de Sport Canada vend ses services aux autres pays. Des formateurs de niveau quatre et cinq voyagent ainsi un peu partout sur la planète pour faire des conférences. Titulaire d’un doctorat en sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal, spécialisé en psychologie sportive, Olivier Trudel, âgé de 37 ans, a récemment été choisi pour faire partie de ce groupe sélect. Il donne des ateliers au sein de ce programme depuis plus de trois ans, mais il s’agissait pour lui d’une première mission internationale.

Les membres du comité olympique bahreïnien lui ont également demandé de prononcer une conférence supplémentaire devant des dignitaires du ministère des Sports, de même que des entraîneurs étrangers professionnels installés à Bahreïn. «C’était vraiment très spécial de se retrouver à parler de leadership devant un auditoire avec autant d’expérience», indique Olivier Trudel.

Une tension palpable
Au cours d’une pause dans l’horaire chargé de l’entraineur des Bleues, un entraîneur en formation lui a montré un des endroits où de violentes manifestations ont lieu sporadiquement. Sur place, de la fumée se dégageait encore de vieux pneus. «On pouvait tout de suite constater que la dernière ne datait pas de deux semaines», relate celui qui a déjà vécu en zone de guerre en Amérique du Sud durant son enfance.

Pendant la dernière année, des manifestants ont réclamé le départ du roi, Hamad ben Issa al-Khalifa. Bien que cet État arabe vive aujourd’hui dans un environnement de paix relative, des affrontements se produisent quotidiennement dans différentes régions de ce pays au cœur du Moyen-Orient.

«Au-delà des chambardements sociaux qui le secouent depuis l’an passé, Bahreïn cherche à améliorer ses programmes sportifs et je me sens privilégié d’être celui qui est chargé de partager des connaissances acquises au Canada avec les responsables sportifs de ce pays», mentionne Olivier Trudel.

De retour à son bureau du CEPSUM, l’entraineur de volleyball a déjà hâte de revivre une pareille expérience, à Bahreïn ou ailleurs. Car les portes de ce royaume demeurent ouvertes. «On m’a déjà demandé si je voulais revenir pour une plus longue période», conclut-il.

Source : Mathieu Dauphinais, agent d’information sportive