Alain Lefebvre, le coach des coachs des Carabins

Montréal, le 29 novembre 2011 – En 12 années passées à la Fédération de natation du Québec, Alain Lefebvre a littéralement changé la culture de ce sport dans la province, voire au Canada. Cependant, à 58 ans, il croyait avoir fait le tour de ce qu’il pouvait apporter à cette organisation. «J’aurais pu rester dans mes pantoufles, dit-il, mais j’avais envie d’être déstabilisé. C’est un cadeau que je me suis fait.»
 
Lorsqu’il s’est joint au personnel des Carabins le 22 septembre dernier en tant que coordonnateur du sport d’excellence, volet Haute performance, Alain Lefebvre était cependant en terrain connu. La directrice des programmes sportifs de l’Université de Montréal, Manon Simard, faisait partie de l’équipe de nageurs que M. Lefebvre a entrainés à l’UdeM de 1989 à 1994. Et les entraineurs de volleyball de l’époque, Jean-Pierre Chancy, devenu coordonnateur du sport d’excellence, volet Académique et affaires étudiantes, et Georges Laplante sont toujours en poste sur le campus.

Toutefois, quand il a remis les pieds au cinquième étage du CEPSUM, il a eu un choc. «À l’époque, il fallait convaincre bien du monde que les Carabins, c’était quelque chose, se rappelle-t-il. On se voyait comme des missionnaires. Maintenant, ce sont les Carabins qui prennent la place. Ça démontre que le soutien au sport d’excellence a fait son chemin.»

Les Carabins comptent 17 équipes dans une dizaine de disciplines sportives et l’encadrement des athlètes s’améliore d’année en année. L’arrivée d’Alain Lefebvre vient bonifier cette expansion. «Nous avons réussi à mettre en place une organisation solide, mais pour franchir la prochaine étape, il nous fallait du renfort, affirme Manon Simard. Alain est le complément dont nous avions besoin pour enrichir le programme. Son expertise globale et son humanisme correspondent tout à fait à nos valeurs.»

Père de quatre enfants, Alain Lefebvre apprécie particulièrement l’esprit de famille chez les Bleus. «Ici, on n’enseigne pas seulement la performance aux athlètes, mais on transmet aussi des valeurs humaines, dit-il avec conviction. On veut que ces jeunes soient de meilleures personnes quand ils quitteront l’UdeM. C’est plus important que les médailles d’or.»

Un bagage remarquable
Posté près du terrain à chaque compétition des Carabins au CEPSUM, Alain Lefebvre observe les athlètes, mais surtout leurs entraineurs. «Je ne suis pas obligé d’être un expert de chaque discipline, mentionne-t-il. Je travaille surtout sur le rôle de l’entraineur. C’est la tâche la plus importante que j’ai à accomplir ici.»

Déjà, il a établi des liens avec les différents entraineurs des Carabins. Il désire aider de ses conseils chacun d’eux. Celui qui entraine des athlètes depuis l’âge de 16 ans se considère comme un nouveau venu, mais avec une riche expérience. Ce grand sportif a participé à des compétitions d’envergure. Entre autres, il a été gérant de l’équipe canadienne de natation aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004 et aux championnats mondiaux de la Fédération internationale de natation à Montréal en 2005. Comme entraineur, il a dirigé plusieurs nageurs sur la scène internationale et a fait partie du personnel d’entraineurs des équipes canadiennes aux Universiades de Sheffield en 1991 et de Buffalo en 1993.

Avant d’être administrateur et entraineur, Alain Lefebvre a été athlète. À l’échelon universitaire, il a nagé et joué au waterpolo. Par ailleurs, il a pris part à une trentaine de matchs internationaux dans cette discipline. «Alain possède la rare capacité de pouvoir tout analyser de façon globale. Il réussit à tenir compte de tous les facteurs, que ce soit l’individu ou l’équipe, la famille ou l’entrainement», souligne Manon Simard.

Révolution à la Fédération de natation du Québec
Alain Lefebvre a reçu au début du mois de novembre le Prix du leadership de Natation Canada. Cette récompense lui a été remise pour souligner sa contribution exceptionnelle à l’essor des nageurs québécois. Au cours des 12 ans où il a occupé le poste de directeur technique à la Fédération de natation du Québec, il a complètement bouleversé la culture en place. «À mon arrivée, on m’a dit que les nageurs ne progressaient pas, qu’il y avait moins de monde dans les clubs, se souvient-il. On m’a donné carte blanche.»

C’est dans ce contexte qu’il a mis sur pied le modèle du développement à long terme de l’athlète, qui a conduit les entraineurs à changer leur pratique avec les athlètes en bas âge. Dorénavant, les entrainements sont axés sur la motricité et les habiletés plutôt que sur le développement physique. Cette méthode a été reprise par Sport Canada, qui a décidé, en 2006, de l’appliquer à toutes ses disciplines.

S’acquittant de son rôle depuis à peine deux mois, Alain Lefebvre est déjà dans le feu de l’action. «Je dois encore développer mon sentiment d’appartenance, mais ce ne sera pas long, indique-t-il. C’est en partageant la victoire et la défaite qu’on se rapproche d’une équipe.» Après une saison de football tumultueuse et les courses au championnat des équipes de soccer qui viennent de se terminer, on peut croire qu’il est maintenant pleinement intégré dans ses nouvelles fonctions.

Source : Mathieu Dauphinais, agent d’information sportive