Des îles à la ville
Montréal, le 13 février 2015 – Résidantes des Îles-de-la-Madeleine, Jessica Cormier et Cloé Barrette ont grandi à quelques maisons l’une de l’autre. Jusqu’à l’âge de 14 ans, dans les bantams, elles ont joué avec les garçons et ont remporté plusieurs matchs à leur côté. Mais elles étaient loin de se douter qu’elles feraient un jour partie de l’une des plus solides formations de hockey universitaire du pays.
« Chez les midgets, nous avons formé une équipe féminine et nous jouions contre les gars de niveau bantam, raconte Jessica Cormier, qui figure aujourd’hui parmi les meilleures marqueuses du circuit universitaire. Le calibre n’était pas le même et l’expérience a duré un an. Ensuite, j’ai continué de jouer dans une ligue récréative féminine pour les 16 ans et plus. »
Entretemps, en 2009, elle s’était fait remarquer aux Jeux du Québec. Pascal Dufresne, l’entraîneur-chef des Titans du Cégep Limoilou n’entend que des bonnes paroles à son sujet et, sans l’avoir vue jouer, il l’invite à participer à un entraînement en novembre 2010.
« Il m’avait vue patiner à l’entraînement, mais jamais dans un match, se souvient l’attaquante. Il m’a dit de revenir quand j’entrerais au cégep, l’année suivante, mais il allait falloir que je fasse ma place. »
La situation a vite changé pour Jessica Cormier. Sur le circuit collégial, elle s’est classée parmi les marqueuses les plus performantes et a été sacrée joueuse par excellence du circuit dès sa deuxième saison.
« Je ne la connaissais pas avant sa première année au cégep, a dit l’entraîneuse-chef des Carabins, Isabelle Leclaire. Au hockey féminin, il est plus rare de voir une joueuse utiliser son gabarit pour attaquer le filet, mais Jessica en est capable. Elle est également rapide et possède un bon tir du poignet. Elle a aussi une excellente éthique de travail. »
« Avant d’entrer au cégep, j’ignorais qu’il existait des programmes universitaires de hockey féminin, indique Jessica Cormier. Laurence Beaulieu, avec qui j’ai joué à Limoilou, me racontait son expérience au championnat universitaire canadien avec les Carabins. »
La Madelinienne a si bien joué qu’après ses trois saisons au collégial elle a reçu une invitation à participer au camp de sélection de l’équipe nationale des moins de 22 ans l’été dernier.
« Ma mère m’a fait chausser les patins dès l’âge de deux ou trois ans, raconte celle qui ne se doutait pas que le hockey la mènerait aussi loin. Je n’avais jamais pensé que j’aurais la chance de représenter l’équipe canadienne. Je rêvais de percer, mais d’où je viens je ne croyais pas que c’était possible. »
Bien qu’elle ait été retranchée, elle joue maintenant à l’échelle nationale avec les Carabins et pourrait recevoir une nouvelle invitation l’été prochain.
Deux chemins différents
Même si elles ont toujours été en contact entre Cap-aux-Meules et le CEPSUM, Cloé Barrette et Jessica Cormier ont pris des chemins bien différents. En fait, il s’agit presque d’un heureux hasard si elles portent à présent les mêmes couleurs.
« Quand je suis arrivée aux Îles à l’âge de huit ans, Jessica habitait à quelques maisons de chez nous et nous sommes rapidement devenues amies, se rappelle Cloé Barrette, native de Montréal. J’ai commencé à jouer au hockey à ce moment-là. »
Après avoir patiné avec les garçons jusqu’à l’adolescence, Cloé a mis le hockey de côté pendant quelque temps. « Avant d’entrer au cégep, j’avais passé un an en Allemagne et je ne savais pas si j’allais continuer au hockey. À mon retour, j’avais une amie au Collège Lionel-Groulx et on m’a invitée à jouer là-bas. »
Isabelle Leclaire l’a remarquée lors du match des étoiles collégiales l’an dernier et l’a conviée au dernier camp de sélection de son équipe. « C’est une défenseuse intelligente, mobile, explique-t-elle. Elle patine très bien, a une bonne éthique et applique rapidement les correctifs nécessaires à l’entraînement. Ses coéquipières aiment jouer avec elle. »
C’est ainsi que, après des années sans jouer ensemble, Jessica Cormier et Cloé Barrette ont été réunies à Montréal.
Quitter les Îles
Si Cloé Barrette a pu retrouver plusieurs membres de sa famille dans la région métropolitaine, Jessica Cormier a également fait son nid en ville. « Mon arrivée s’est très bien passée, relate-t-elle. J’avais un peu peur, mais j’ai réussi à bien m’adapter. J’habite près du CEPSUM, alors tout est proche de chez moi. »
Les deux amies ont désormais un horaire chargé. En plus du temps consacré au hockey, elles se plaisent dans leur domaine d’études respectif. Étudiant à HEC Montréal, Jessica, qui est aussi habile avec les chiffres qu’avec un bâton de hockey, aimerait devenir comptable. Pour sa part, Cloé est l’une des rares joueuses de hockey à avoir choisi la médecine.
Peu de joueurs des Îles-de-la-Madeleine, où il n’y a que deux arénas, ont percé dans le hockey. Et, même s’il y a présentement une chute de participation dans l’archipel, Jessica Cormier et Cloé Barrette démontrent que cette région regorge de talents.
Source : Mathieu Dauphinais, agent d’information sportive