Le compte à rebours est amorcé

Montréal, le 1er décembre 2008 – À part l'apparition d'un gros logo au centre de la patinoire du CEPSUM et quelques éléments visibles ici et là, on n'a pas beaucoup entendu parler de l'équipe de hockey féminin des Carabins depuis l'annonce de sa création, le 31 janvier dernier. Le compte à rebours menant aux débuts officiels prévus pour l'automne 2009 est pourtant bel et bien amorcé. L'effervescence qui règne au sein de l'équipe en devenir est bien palpable.

«C'était assez abstrait au moment où l'on devait définir l'orientation et la vision de ce que nous voulions implanter, souligne Isabelle Leclaire, une des trois dames du hockey à piloter le projet. Sans oublier le recrutement, qui est évidemment l'une de nos priorités.»

Depuis quelques semaines, toutefois, c'est plus concret. Une dizaine d'étudiantes-athlètes qui aspirent à une place dans la formation l'an prochain sont à l'entrainement. Elles vivent déjà à un rythme qui ressemble à celui d'une vraie saison: deux ou trois séances d'entrainement hebdomadaires sur la glace avec France St-Louis et trois en dehors de la patinoire en compagnie de Marie-Claude Lapointe, qui travaille également avec l'équipe nationale.

«Le recrutement va bon train, tous nos rapports avec des joueuses potentielles sont extrêmement positifs. Il est encore tôt pour confirmer la venue de joueuses d'importance, mais les Carabins suscitent beaucoup d'intérêt dans le milieu du hockey féminin québécois, analyse Isabelle Leclaire tout en précisant que des discussions sont aussi engagées avec des joueuses francophones d'autres provinces canadiennes.

Les mois qui viennent permettront de franchir les autres étapes qui mèneront aux premiers coups de patin des joueuses en bleu roi et blanc. «Ça va de l'achat de l'équipement à l'organisation de l'aréna en passant par le design des uniformes ou encore la recherche de commanditaires, indique Mme Leclaire. On a vraiment la possibilité d'élaborer un programme d'envergure.»

«On se penchera aussi sous peu sur la nomination de l'entraineur-chef», dit pour sa part Danièle Sauvageau, qui a occupé cette fonction au sein de l'équipe nationale et qui dirige aujourd'hui la mise en place de la formation chez les Carabins.

L'exode vers les États-Unis

Interrogée sur les avantages pour les joueuses de choisir les Carabins, Mme Sauvageau répond du tac au tac: «L'UdeM est le seul établissement francophone à offrir du hockey féminin au Québec. Les joueuses d'ici ont donc maintenant la possibilité d'étudier à Montréal, dans leur langue, ce qui peut grandement favorisé leur parcours scolaire.»

Depuis quelques années, plusieurs hockeyeuses de la province optaient pour les universités américaines afin de poursuivre leur carrière sportive. Une option qui n'en vaut pas nécessairement la peine, aux yeux de Danièle Sauvageau. «On entend parler des bourses d'études de plusieurs milliers de dollars offertes aux athlètes pour jouer dans la NCAA. Ici aussi nous avons un programme de bourses qui peut couvrir l'ensemble des droits de scolarité. Et il ne faut surtout pas oublier les autres couts qui viennent avec l'exil aux États-Unis.»

«On me demande souvent si c'est préférable d'étudier en anglais quand on souhaite faire partie un jour de l'équipe nationale. Je réponds toujours que je n'ai moi-même jamais étudié aux États-Unis ni en anglais et que cela ne m'a pas empêchée d'être dans le programme olympique pendant plus de 10 ans, ajoute la diplômée de l'UdeM et de HEC Montréal. Et l'encadrement sportif que nous sommes en train de mettre sur pied se compare très avantageusement à ce qui se fait dans la NCAA.»

Écrire une page d'histoire

L'histoire. Le mot revient souvent dans les conversations. On sent que les gens en place, joueuses comme dirigeantes, ont vraiment l'intention de changer les choses et d'ouvrir des portes aux hockeyeuses de demain. Un petit tour dans le vestiaire des futures Carabins, où est affiché le slogan Ensemble, écrivons une page d'histoire, ne laisse d'ailleurs aucun doute à ce sujet.

«Le calibre de jeu de notre équipe est à bâtir, mais on devra se mesurer à des adversaires comme l'Université McGill, qui trône au sommet du classement canadien. Cela nous aidera à progresser rapidement, explique Danièle Sauvageau. Notre préparation n'est pas toujours évidente, mais c'est le prix à payer quand on veut être partie prenante de l'histoire.

«Nous sommes d'ailleurs à la recherche de joueuses de talent qui auront le gout d'affirmer dans 15 ans qu'elles ont contribué à la naissance de ce programme de hockey.»

Parmi les étudiantes-athlètes qui font déjà partie du groupe d'entrainement des Bleues, la gardienne de but Catherine Herron (géographie environnementale) et l'attaquante Stéphanie Daneau (sciences infirmières) partagent le même avis.

«J'ai fait partie du plus vieux programme de hockey universitaire au Canada en jouant quatre ans à l'Université McGill. Maintenant, j'ai la chance de voir naitre celui qui sera le plus jeune et je suis très contente de vivre cette aventure», signale Catherine Herron.

«Dans quelques années, je suis convaincue que les Carabins seront une référence et qu'ils inciteront plusieurs filles à rester au Québec. Je connais de bonnes joueuses qui ont dû arrêter leur sport, car elles ne voulaient pas étudier en anglais. On n'est pas ici seulement pour jouer au hockey, l'UdeM nous offre l'occasion de combiner les deux volets», poursuit-elle.

Quant à Stéphanie Daneau, elle mentionne qu'elle avait «un peu perdu la passion du hockey à la suite d'une mauvaise expérience d'intégration dans une université anglophone, mais je suis en quelque sorte retombée en enfance depuis notre premier entrainement au CEPSUM. C'est un honneur de faire partie de ce projet, c'est certain que le côté historique nous interpelle.»

«Je suis stressée juste à penser au moment où nous enfilerons l'uniforme des Carabins pour jouer notre premier match», conclut l'ancienne capitaine des Patriotes du Cégep de Saint-Laurent pour expliquer la fébrilité qui règne déjà dans le vestiaire.

Voir le clip «Des hockeyeuses écrivent une page d’histoire»