Quand le hockey aide à tisser des liens
Parfois, le dénouement d’une simple suggestion peut aboutir en projet d’envergure avec un résultat magnifique. C’est exactement ce qui s’est déroulé lorsque la capitaine de l’équipe féminine de hockey Jessika Boulanger et Jean-Pierre Chancy, l’ancien coordonnateur du programme de sport d’excellence, ont pris quelques minutes pour discuter.
Jean-Pierre est venu me voir et m’a lancé l’idée d’organiser une collecte d’équipements usagés de hockey pour appuyer une communauté autochtone, a expliqué Jessika Boulanger. Je me suis entourée des bonnes personnes et une simple idée est rapidement devenue un véritable projet d’équipe!
L’une de ces « bonnes personnes » était Eliane Santschi, qui occupe le poste d’agente de liaison avec les Premiers peuples au sein de Cap campus, une initiative chapeautée par le Vice-rectorat aux partenariats communautaires et internationaux de l’UdeM.
C’est Eliane qui nous a mis en lien avec la communauté de Wemotaci. Elle connaissait quelques personnes et elle savait que le hockey était vraiment populaire. Nous avons discuté avec le directeur de l’école et il nous a aidé à identifier des gens qui pourraient bénéficier du projet que nous voulions faire ensemble.
On voulait approcher une communauté assez éloignée, où c’est plus difficile d’avoir accès aux ressources, mais il fallait également prévoir la livraison du matériel. Ça devenait compliqué avec des écoles très éloignées comme au Nunavik par exemple. On a vraiment trouvé une collaboration parfaite avec Wemotaci!
Cap campus a co-créé le projet Acokanikew (qui signifie faire un pont en atikamekw) avec l’école secondaire Nikanik de Wemotaci et Coop Nitaskinan, un autre partenaire autochtone, a expliqué Eliane Santschi. L’objectif de l’initiative est de créer un projet permettant aux élèves de la communauté de Wemotaci d’être soutenus dans leur persévérance, de faciliter les transitions vers les institutions postsecondaires et de leur présenter différents domaines d’études.
Dans ce contexte, nous sommes allés à Wemotaci avec des étudiants allochtones de Cap campus et des modèles autochtones. L’idée était de créer un pont, une rencontre et d’ouvrir les possibilités des jeunes de la communauté quant à leurs possibilités d’études. Quand Jessika m’a proposé son initiative, j’y ai vu une complémentarité avec ce que nous faisions et je l’ai présentée au directeur de l’école.
Une fois les liens établis, il fallait se concentrer sur les choses concrètes, soit amasser de l’équipement usagé.
C’est lors du match d’ouverture de la saison 2022-2023 de l’équipe de hockey des Carabins que le projet a réellement pris forme et que Jessika a réalisé qu’elle était parvenue à convaincre les gens d’y participer.
Lors de notre match d’ouverture, on avait fait une promotion. Si tu apportais une pièce d’équipement usagé, tu pouvais avoir un billet gratuit! Ç’a vraiment fonctionné et c’était encourageant de voir l’engouement. En fin de compte, on a amassé plus d’une trentaine d’équipements complets.
Un choix logique
La vétérane de cinquième année aurait pu choisir n’importe quelle cause lorsqu’elle a décidé de mettre ce projet sur pied, mais c’est un de ses cours universitaires qui lui a donné l’idée de s’impliquer auprès de la communauté autochtone.
J’étudie en ergothérapie et on a eu un cours sur les relations avec les communautés autochtones et les outils qui s’offrent aux professionnels qui vont travailler avec elles. Ça m’a fait réaliser qu’il y avait des besoins. De mon côté, le hockey m’a littéralement permis de rester à l’école et ç’a eu un impact majeur sur ma confiance personnelle. Si je peux amener certains jeunes à se rattacher à quelque chose et les aider dans leur développement, pourquoi pas?
Le projet tire maintenant à sa fin et lors des prochaines semaines, des dizaines de jeunes de la communauté de Wemotaci recevront une livraison très attendue!
Cet automne, certains d’entre eux feront même la route jusqu’à Montréal dans le cadre de la deuxième phase du projet Acokanikew, soit un séjour de cinq jours pour y découvrir la ville et l’Université de Montréal. Ils viendront notamment assister à une séance d’entraînement de l’équipe de hockey et visiter leur vestiaire.
Mon souhait serait que dans deux ou trois ans, une autre joueuse de l’équipe reprenne l’idée et en fasse son projet. C’est certain que je m’impliquerais et je pense qu’on pourrait apporter ça à un autre niveau!
La distance entre Wemotaci et Montréal n’est pas si grande, somme toute, quand une étudiante-athlète mobilise son entourage universitaire pour tisser des liens avec des jeunes qui vivent au même rythme qu’elle sur la patinoire. Chez les Bleus, on le sait bien : chaque coup de patin ouvre un nouveau chemin.