« Les Carabins ont sauvé ma carrière »
Au cours des dernières années, le 100 m papillon a effrayé la nageuse Katerine Savard en compétition. L’ancienne des Carabins de l’Université de Montréal et diplômée en éducation préscolaire et enseignement primaire s’est récemment réconciliée avec cette épreuve pour décrocher son billet en vue des Jeux olympiques de Tokyo, les troisièmes de sa brillante carrière.
Actrice principale du film Nadia, Butterfly paru en 2020, Katerine Savard s’y connaît en scénarios prometteurs. Son plus récent cycle olympique le démontre parfaitement et comporte tous les éléments nécessaires pour se retrouver au grand écran.
L’histoire débute aux essais olympiques canadiens de 2016, alors que Savard figurait parmi les meilleures nageuses au monde au 100 m papillon. Championne canadienne depuis 2010 et détentrice du record national, elle avait alors abordé la compétition en pleine confiance avant d’être privée de sa qualification par sa jeune compatriote, Penny Oleksiak.
Ça m’a fait énormément de peine, parce que je m’entraînais seulement pour ça depuis des années et j’avais mis tous mes œufs dans le même panier », raconte celle qui allait finalement représenter le Canada au relais 4×200 m libre à Rio et y gagner une médaille de bronze. C’était vraiment un plan B, alors c’était très spécial comme feeling.
Par la suite, l’athlète originaire de Pont-Rouge s’est tenue à l’écart du 100 m papillon, qui a longtemps été sa course de prédilection.
« Il m’a fait peur le 100 m papillon. Je sais que c’est mental, mais je n’étais plus capable de le nager et je ne voulais plus rien savoir de le nager. J’avais de la peine ! Chaque fois, je revivais les moments difficiles que j’avais vécus, alors je trouvais ça difficile de le faire », confie-t-elle.
Celle qui a porté les couleurs des Carabins durant quatre saisons l’avait tout simplement retiré de son arsenal.
En juin dernier, à l’occasion des essais canadiens présentés à Toronto, Katerine a ressenti l’adrénaline de la compétition pour une première fois en plus d’un an en raison de la pandémie. Cette soif d’action et la fébrilité du retour l’ont poussée à tenter sa chance au 100 m papillon, disputé la veille de la présentation de sa « meilleure épreuve », le 200 m libre.
On va le faire juste pour rentrer dans la compétition, pour le fun », a justifié Savard à ce moment. « On s’est dit que je n’allais même pas faire la finale, juste le tour préliminaire. Dans ma tête, je me foutais de ce que j’allais faire, je n’y pensais pas.
Sa performance de 58,13 secondes a, comme elle le dit si bien, « déclenché quelque chose en elle. »
Comme dans les films, Katerine Savard en a ensuite surpris plus d’un, incluant elle-même, en enregistrant un chronomètre de 57,86 secondes pour obtenir sa qualification olympique à cette épreuve qu’elle avait complètement mise de côté depuis des années.
Des montagnes russes
Le parcours de Katerine Savard n’a pas été de tout repos au cours des dernières années. Dès son arrivée à l’UdeM, elle a fait la pluie et le beau temps dans les circuits universitaires provincial et national. Nommée recrue et athlète féminine de l’année à l’issue de la saison 2014-2015, elle a tout raflé au cours de son passage avec les Carabins.
Après les Jeux olympiques de Rio, Savard a continué sa lancée, décrochant pas moins de sept médailles d’or aux championnats canadiens 2017. Elle a toutefois frappé un mur qui l’a forcée à s’éloigner de la natation en 2018, faute de motivation et de plaisir. Après tout, le rêve olympique avait déjà été réalisé, deux fois plutôt qu’une puisqu’elle avait également été de la délégation canadienne à Londres en 2012 où elle avait pris part aux 100 m et 200 m papillon de même qu’au relais 4 x 100 m quatre nages.
Quel était le prochain objectif ? Katerine Savard l’ignorait.
C’était devenu difficile mentalement, j’avais l’impression que chaque fois que je perdais, je décevais les autres, qui eux, s’attendaient à ce que je gagne tout. Mes résultats ont dégringolé d’un coup. J’ai eu besoin de me retirer. Je ne voulais plus rien savoir de la natation, je n’aimais plus ça et je n’étais plus heureuse.
Après une longue pause, l’entraîneur-chef des Carabins, Pierre Lamy, a su trouver les bons mots pour convaincre Savard de revenir s’entraîner avec les Bleus, simplement pour le plaisir.
C’est lui qui m’a ramenée à la piscine et qui a fait en sorte que je sois encore là en ce moment. Les Carabins ont sauvé ma carrière.
C’est également avec les Carabins que Katerine Savard a constaté tout l’impact que peut avoir une équipe sur les performances individuelles. Les liens qu’elle a créés au CEPSUM lui ont fait vivre des émotions qu’elle ne connaissait pas auparavant, ayant l’habitude de s’entraîner seule.
Une deuxième tempête
La pandémie a donné un dur coup et a semé le doute à nouveau dans l’esprit de Katerine Savard qui, comme bien des athlètes, a été privée des installations sportives habituelles pour s’entraîner. Elle avait été témoin du temps nécessaire pour retrouver son rythme en 2018 et croyait arriver à court dans sa préparation pour les Jeux de Tokyo.
Par chance, plusieurs personnes ont tenu à l’épauler, notamment en mettant à sa disposition l’entrepôt d’un détaillant Club piscine. Elle a du mal à expliquer sa progression des derniers mois, où elle est parvenue à renouer avec sa forme d’antan, juste au bon moment.
J’ai réalisé comment le mental joue dans une performance sportive. C’est fou comment ça fait une différence. Je nageais accrochée à une corde et je m’améliorais encore ! Ça me motivait et ça me rendait fière. Je ne sais pas comment expliquer ça, mais avec du recul, les mois supplémentaires ont été bénéfiques. J’avais besoin de m’entraîner et le report des Jeux m’a offert cette opportunité.
Celle qui avait baissé les bras en 2018 aura surmonté tous les obstacles pour être en mesure de boucler la boucle cet été avec ses troisièmes Jeux olympiques. En plus du fameux 100 m papillon, Katerine Savard participera au 4×100 m libre, au 4×200 m libre et au 4×100 m quatre nages au Japon.
Rédaction : Sportcom pour les Carabins de l’Université de Montréal