Portrait d’alumni Carabins : l’engagement continu de Jean-Nicolas Gervais
Dans le cadre de la cérémonie d’avant-match de football des Carabins le 23 septembre dernier, une trentaine d’alumni des éditions de 2002 à 2006 ont accueilli sur le terrain Jacques Dussault, premier entraîneur-chef des Carabins à la relance du programme, pour souligner son intronisation au Temple de la renommée du football canadien.
Au-devant de cette initiative de rassembler les Carabins des premières cohortes se trouvait Jean-Nicolas Gervais, mieux connu sous le nom de Johnny par ses coéquipiers, capitaine de l’équipe de 2002 à 2006.
La relance de l’équipe de football
Au moment de relancer le programme de football, l’entraîneur-chef faisait face au défi colossal de bâtir une équipe complète en seulement neuf mois. Parmi les premiers à avoir accepté de se joindre à une formation qui allait revoir le jour après plus de trente ans d’absence se trouvait Jean-Nicolas Gervais.
Toutefois, lorsque Dussault l’a recruté pour qu’il rejoigne les Carabins, Jean-Nicolas s’était engagé à rejoindre le Rouge et Or de l’Université Laval depuis son avant-dernière saison collégiale avec les Spartiates du Cégep du Vieux Montréal en 2000. Il a donc décliné l’offre des Carabins.
S’en est suivi un concours de circonstances qui changeront la trajectoire de son parcours. Des pépins administratifs pendant le processus d’admission à l’Université Laval, des difficultés à échanger avec des membres du personnel du Rouge et Or à une époque où les téléphones cellulaires étaient loin d’être chose commune et une visite impromptue de Jacques Dussault à la résidence familiale des Gervais le 1er janvier 2002 ont mené Jean-Nicolas à suivre des cours à l’UdeM en attendant de commencer ses études à l’Université Laval à l’automne 2002.
J’avais mentionné au passage que j’avais quelques enjeux administratifs avec mon admission à l’Université Laval mais que j’espérais régler le tout avant le début de la session d’hiver. Il m’a dit: laisse-moi voir ce que je peux faire.
Le lendemain, Jean-Nicolas rencontrait Germain Lalonde, directeur du Service d’accueil et de gestion des études de la Faculté des arts et sciences à l’époque, qui a mis sur pied un plan pour qu’il avance dans son cheminement académique à l’UdeM en attendant de commencer son baccalauréat en communication à l’Université Laval. Le 3 janvier, il commençait ses cours.
Dans les semaines qui ont suivi, Jean-Nicolas a développé des liens avec le personnel des Carabins et surtout, il a constaté l’engouement sur le campus pour la nouvelle équipe de football des Carabins.
Entre deux cours ou après mes entraînements, je retournais au bureau de Jacques pour jaser de tout et de rien. Quand un nouveau joueur démontrait un intérêt à rejoindre l’équipe, je lui faisais visiter le vestiaire et la salle d’entraînement. Je commençais à développer des liens avec mes nouveaux partenaires d’entraînement même s’il n’y avait aucun engagement de ma part à ce moment-là de faire partie des Bleus. Je prévoyais encore rejoindre le Rouge et Or.
C’est lors d’une discussion informelle dans les escaliers du CEPSUM, après une séance d’entraînement, que Jean-Nicolas a annoncé à Jacques qu’il souhaitait porter l’uniforme des Carabins.
J’ai réalisé que c’était ici que je voulais jouer. Je me sentais à la maison, je me sentais accueilli. Les membres de l’organisation avaient trouvé des solutions à mes problèmes et ça m’a montré l’importance de chaque personne pour les Bleus.
Dès cet instant, Jean-Nicolas a mis ses qualités de mobilisateur à contribution pour contacter d’anciens coéquipiers et aider aux efforts de recrutement, loin de s’imaginer qu’il répéterait l’exercice plus de 20 ans plus tard pour honorer son entraîneur lors d’une cérémonie d’avant-match.
Un parcours marqué de premières
Quelques semaines plus tard, Jacques Dussault a annoncé à Jean-Nicolas qu’il souhaitait le nommer capitaine de l’équipe. D’abord hésitant, il a finalement accepté ce rôle après en avoir discuté avec des coéquipiers. Des joueurs d’envergure avaient confirmé qu’ils rejoindraient les rangs des Bleus, mais il manquait un élément de cohésion pour en faire une équipe. Jean-Nicolas était la personne la mieux placée pour combler le poste.
Le premier camp de printemps, le premier match d’ouverture au CEPSUM devant un stade plein, le premier voyage de compétition, les premiers cris d’équipe : ces moments forts qui ont marqué les débuts de l’équipe font désormais partie intégrante de l’héritage des Carabins.
Faire partie de ceux qui ont vécu toutes les premières d’un programme – ou presque – est une expérience unique qui s’accompagne toutefois d’un lot de défis. Les quatre saisons durant lesquelles Jean-Nicolas portera le #97 des Carabins deviendront des années formatrices, tant pour lui que pour le programme:
Quand tu es dans un rôle de leadership, tu n’as pas le choix de montrer l’exemple. Il fallait trouver des points positifs, bâtir une fondation solide même si on perdait.
L’identité de l’équipe s’est d’ailleurs rapidement formée. Du propre aveu de l’ancien capitaine, les Carabins ne faisaient pas dans la dentelle et avaient un style de jeu agressif, surtout au niveau défensif :
On était reconnus pour être une équipe de « tough ». Personne sur le circuit universitaire québécois ne voulait nous voir réussir mais on ne se laissait pas intimider. Le raffinement du jeu est venu dans les années qui ont suivi.
Cette résilience a porté fruit : les Carabins sont passés d’une fiche de 0-8 à leur première saison régulière à un fiche 8-0 à la troisième. Aucune équipe n’avait désormais la mainmise sur le football universitaire au Québec.
Le temps de redonner
Au terme de son parcours sportif et académique, un baccalauréat en communication en poche, Jean-Nicolas a entamé sa carrière professionnelle.
Comme ancien étudiant-athlète, on réalise qu’on a une longueur d’avance quand on entre sur le marché du travail. J’ai longtemps travaillé en vente où les attentes de performance sont élevées et ont un impact direct sur les retombées pour l’organisation. C’était une dynamique avec laquelle j’étais familier grâce au sport.
Il ne manque pas de souligner que son réseau chez les Carabins continue de jouer un rôle actif dans sa vie. Que ce soit sur le plan professionnel dès ses premières années sur le marché du travail, dans sa récente réorientation de carrière dans le secteur immobilier, ou encore sur le plan personnel grâce aux amitiés qu’il a forgées avec ses coéquipiers, les Bleus sont toujours bien présents dans sa vie.
Quand je repense à mon parcours avec les Carabins, je pense aux gens que j’y ai rencontré, ma famille qui s’est agrandie, l’appartenance à une institution, au réseau de personnes qui m’ont accompagné et encouragé à me dépasser et à atteindre un but commun. Ce que je retiens, bien avant les victoires, les défaites et les partys, c’est cet esprit de corps, de collectivité et ces amitiés qui durent depuis plus de 20 ans, parfois sans être adéquatement nourries, mais dont on connaît la profondeur des racines.
Jean-Nicolas souhaite d’abord et avant tout pouvoir contribuer au programme qui a joué un rôle aussi marquant dans sa vie. Qu’il s’agisse de rassembler ses anciens coéquipiers, promouvoir l’achat de billets de saison ou contribuer aux campagnes de financement.
J’ai subi des blessures durant ma carrière qui ont fait en sorte que je n’ai pas eu l’impact que je j’espérais d’un point de vue sportif. Avec le Cercle des alumni, je vois une opportunité de continuer à contribuer aux Carabins pour le reste de ma vie.