De futurs médecins en crampons

Montréal, le 29 novembre 2010 – Au dernier championnat canadien, les Carabins ont remporté leur match quart de finale face aux Panthers de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard. Cependant, le lendemain, les têtes d'Isabelle Dumais, de Catherine Delmas-Frenette et de Sophie Pominville étaient moins au prochain match qu'à leurs devoirs.

Voilà la réalité d'une joueuse de soccer qui étudie en médecine. Malgré la taille du défi, c'est dans cette discipline que le ratio de futurs médecins est le plus important chez les Bleus.

Peu importe la situation, ces étudiantes peuvent compter sur l'administration des Carabins et sur leur entraîneur-chef Kevin McConnell. Ils mettent tout en œuvre pour s'assurer qu'elles puissent participer à tous les matchs sans se soucier de bâcler un cours, un stage ou un examen. Elles en profitent grandement.

Dumais a terminé la saison au deuxième rang des marqueuses de la ligue avec huit buts et six passes. Pourtant, même si elle adore la vie qu'elle mène en combinant ses deux passions, elle avait hésité avant de s'aventurer dans le programme sport-études. « Quand j'ai choisi d'étudier à l'Université de Montréal, raconte l'athlète de 21 ans, je ne pensais jamais être capable d'étudier en médecine tout en jouant au soccer. Mais j'ai vu quelqu'un d'autre le faire et j'ai décidé d'essayer. Finalement, j'ai fait un bon choix. »

Pour l'aider, elle peut poser toutes ses questions à Catherine Delmas-Frenette, qui en est à sa quatrième année d'études. Cependant, la situation est devenue un peu plus compliquée dans le cas de cette dernière. À sa première année d'internat, l'étudiante de 22 ans était en stage toute la saison. Bien qu'elle ait réussi à participer à tous les matchs, elle a dû faire des compromis. « Je devais souvent demander la permission aux médecins de finir plus tôt, dit-elle. J'ai manqué la moitié des pratiques. » Tout de même, ses superviseurs ont montré beaucoup de compréhension, notamment pour lui permettre de participer au championnat canadien.

Pourtant, ce n'est pas toute la communauté de la médecine qui est en accord avec ce programme. « Un cardiologue m'a déjà dit que j'allais ruiner mes études, affirme Delmas-Frenette. Finalement, je m'en suis bien sortie. »

Son entraîneur-chef l'a également aidée en se montrant ouvert. « Il m'a laissée jouer, même si je n'étais pas très souvent aux pratiques. Il m'a aussi calmée parce que ça m'inquiétait de manquer autant de temps de jeu. » Malheureusement, Catherine ne pourra probablement pas répéter l'expérience pour une dernière saison. Elle devrait être en stage en Abitibi l'automne prochain.

Leur jeune coéquipière recrue Sophie Pominville suit leurs traces. Par l'entremise de McConnell, elle avait pu rencontrer Isabelle et Catherine avant de s'inscrire pour en apprendre plus sur leur expérience. « Tous les gens de mon entourage me disaient que c'était impossible de faire les deux, raconte-t-elle. C'est moins pire que ce que les gens pensent. Il faut simplement s'organiser et ne pas trop s'en faire lorsque cela va moins bien. » Malheureusement, une blessure l'a mise à l'écart du jeu durant toute la saison.

« J'ai de l'admiration pour les étudiantes qui réussissent à combiner le sport d'excellence et les études de haut niveau, affirme Kevin McConnell. Elles ont du succès et elles deviendront des leaders de notre société. »

Les pionnières
Ces trois joueuses ne sont pas les premières à entreprendre ce défi. Le programme de soccer féminin est riche en étudiantes de médecine. De 2001 à 2003, il y avait la capitaine Élise Lortie, en plus de Catherine Faucher, Laurianne Boileau et Gabrielle Marchand qui ont joué quelques saisons au cours des premières années. D'ailleurs, McConnell avait organisé une rencontre entre Marchand et Catherine Delmas-Frenette avant que celle-ci ne prenne sa décision.

À la sortie du cégep, il a été facile de choisir l'Université de Montréal pour ces filles originaires de la région. Non seulement la faculté de médecine est reconnue comme l'une des meilleures au pays, mais l'équipe de soccer féminin des Bleus connaît beaucoup de succès sur le terrain en plus. Elle est la seule formation à s'être qualifiée au championnat canadien lors des quatre dernières saisons.

Ces trois joueuses démontrent que l'association entre le soccer et la médecine peut être un succès. Même si elles côtoient davantage leurs collègues de médecine à l'extérieur de l'école, elles portent toutes le soccer dans leur cœur. Après tout, le terme « carabin » ne désigne-t-il pas un étudiant en médecine qui pratique une activité sportive?