Jonathan Beaulieu-Bourgault revient au bercail

Montréal, le 17 octobre 2013 – Le 4 octobre dernier, un nouveau venu, un jeune homme blond ayant joué six ans en Allemagne, faisait partie de l’équipe de soccer masculin des Carabins. Dans une formation où des joueurs de près de 30 nationalités ont frappé sur le ballon rond, cela peut sembler banal, mais cette recrue est originaire de Montréal. Après être devenu l’un des rares joueurs québécois à avoir percé dans les ligues professionnelles allemandes, Jonathan Beaulieu-Bourgault est de retour chez lui.

Cet athlète qui vient de souffler ses 25 bougies poursuit son parcours tout à fait exceptionnel à l’Université de Montréal, où il a décidé de reprendre ses études. « Ça a été un rêve de vivre comme joueur de soccer professionnel en Allemagne. Je suis très reconnaissant envers les gens qui m’ont permis de vivre cette expérience, dit-il sur un ton très posé. Maintenant, je dois penser à mon avenir. »

Montréalais de l’ouest de l’ile, Jonathan Beaulieu-Bourgault a quitté le Québec à 17 ans, après sa première année de cégep. Il a d’abord joué de 2006 à 2010 en deuxième division de la Bundesliga, l’une des ligues les plus compétitives du monde, et pour le FC St. Pauli, un club de soccer mythique de plus de 100 ans. Basée dans le quartier le plus chaud de Hambourg, cette équipe attire des foules de 25 000 à 30 000 spectateurs survoltés. Souvent représentés par des drapeaux pirates à tête de mort et associés à l’extrême gauche, ses partisans sont parmi les plus connus d’Allemagne.

« J’ai vécu plusieurs matchs mémorables, c’est difficile de dire lequel a été le plus important, mentionne-t-il avec le même calme qu’il affiche sur le terrain. J’ai pu jouer devant 55 000 ou 60 000 personnes durant l’Oktoberfest à Munich ou encore le carnaval de Cologne. »

De retour à Montréal
Il a fait partie de 2010 à 2012 du SC Preussen Müenster, et son dernier contrat s’est terminé l’été dernier. « J’ai eu des discussions par la suite avec certains clubs, mais il n’y avait pas d’offre qui m’intéressait, indique-t-il. À 24 ans, je ne voulais pas accepter n’importe quoi. » Pour Jonathan Beaulieu-Bourgault, il s’agissait d’un bon moment pour effectuer un retour aux études.

« Ma copine étudie ici et je souhaitais revenir au pays, déclare la recrue. Je savais déjà depuis longtemps que je voulais faire ma vie ici. J’ai aussi des amis à Montréal, comme Alexandre Haddad [défenseur chez les Carabins] et son frère. »

Depuis le début en septembre de son année préparatoire, il ne manque pas de projets. « Des études en administration à HEC Montréal me tentent ou alors la traduction [il parle très bien anglais et allemand], évalue-t-il. J’aimerais aussi obtenir ma licence de pilote d’avion après mes études. Il y a déjà beaucoup de pilotes dans ma famille. J’ai également suivi un cours de communication l’été dernier à l’école Stéphan Roy. »

Le jeune Jonathan et M. Raimondo en France en 2002, lorsque le joueur faisait partie de l'équipe sport-études du Lac-Saint-Louis, qui proposait un séjour sportif en Europe.

Pat Raimondo est très heureux de pouvoir compter sur un étudiant-athlète tel que Jono, comme il le surnomme. « Je suis vraiment content de le voir avec nous dans la formation. Sa présence n’est pas importante seulement sur le terrain, mais aussi dans le vestiaire, souligne-t-il. C’est vraiment un individu d’une grande classe, en tant que joueur et en tant que personne. »

L’entraineur-chef des Carabins l’avait remarqué il y a plus de 10 ans. « En 2002, il faisait partie de notre équipe sport-études du Lac-Saint-Louis avec qui j’étais allé en Europe. Nous avons gardé le contact depuis. »

« Nous avions tout de suite vu son grand potentiel. Il avait participé aux Jeux du Québec à 12 ans, même s’il compétitionnait contre des joueurs un peu plus vieux que lui. Il ne devait peser que 50 livres [22,5 kg]. Déjà, on avait constaté qu’il avait une vision du jeu très spéciale. Dans ma carrière, je n’ai vu que trois ou quatre joueurs d’un tel niveau. Les joueurs québécois qui ont réussi l’exploit de jouer chez les pros en Allemagne se comptent sur les doigts de la main. »

Seule ombre au tableau, Jono n’a pu prendre part aux sept premières rencontres de la saison actuelle, puisque son dossier était en cours d’évaluation par Sport interuniversitaire canadien (SIC) pour déterminer si son expérience chez les professionnels nuirait à son admissibilité sur le circuit universitaire. Toute l’équipe s’est réjouie lorsqu’il a reçu le feu vert de SIC.

Une équipe redoutable
Avec trois matchs au calendrier, les Carabins occupent la première place du classement du Réseau du sport étudiant du Québec grâce à une fiche de 6-1-2. Jonathan Beaulieu-Bourgault, qui joue au poste de milieu offensif, se joint à une escouade déjà très talentueuse qui compte notamment dans ses rangs Mircea Ilcu, un attaquant qui a joué avec l’Impact de Montréal en 2011.

Après son premier match dans l’uniforme des Carabins, Jonathan Beaulieu-Bourgault a dit qu’il était très agréable de pouvoir jouer de nouveau au sein d’une équipe. « L’atmosphère est très bonne ici, a-t-il précisé au terme d’un verdict nul de 1 à 1 face aux Redmen de l’Université McGill. Nous jouons à un bon niveau et nous avons offert une bonne performance. »

Mais pour ce joueur d’exception, c’est surtout le début d’un double parcours. « Nous serons contents s’il nous aide à gagner sur le terrain, fait remarquer Pat Raimondo, mais nous ne serons pas fiers tant qu’il n’aura pas son diplôme universitaire. C’est l’objectif le plus important et nous allons l’aider sur ce plan aussi. »

Source : Mathieu Dauphinais, agent d’information sportive