Le retour d’une joueuse étoile

Montréal, le 27 novembre 2012 – Pour la première fois depuis plus d’un an, la passeuse étoile Alexandra Lojen a pu toucher au ballon sur le terrain et ses coéquipières ont reconnu sa prestance près du filet et la qualité de ses passes. Il n’y avait que son attelle à la jambe gauche pour rappeler la seconde reconstruction de son genou en moins de cinq ans.

Cette partie contre le Vert et Or à l’Université de Sherbrooke à la mi-novembre a été un aboutissement pour l’étudiante-athlète de 24 ans. Sa détermination et son amour pour ce sport ne sont plus à prouver. «Pendant ce match, raconte son entraineur-chef Olivier Trudel, j’ai vécu l’un des plus beaux moments de ma carrière d’entraineur. J’ai été ému comme rarement je l’ai été. J’ai ressenti beaucoup de bonheur et de fierté à la voir jouer de nouveau.»

Une longue réhabilitation
Cette ambassadrice des Carabins a repris le jeu après une descente aux enfers qui s’est amorcée le 14 octobre 2011. Les Carabins participaient à un tournoi préparatoire à l’Université McGill. Le premier jour, Alexandra Lojen s’est écroulée après un changement de direction. Dès qu’elle a ressenti la douleur, elle a su que le ligament antérieur croisé de son genou gauche venait de céder une nouvelle fois, quatre ans après avoir subi la même blessure.

Dans sa tête, sa saison venait de prendre fin. Cela a été un choc, puisqu’elle se voyait terminer sa carrière en beauté et croyait que les blessures sérieuses étaient chose du passé. La joueuse qui porte le numéro 8 s’est remise en question. Elle a même pensé quitter le volleyball.

«Je me disais que je ne voulais plus réintégrer une équipe qui était déjà cimentée et qui allait très bien, se rappelle la jeune femme. Mais les doutes sont restés des doutes. Après la fin de la saison, je me suis rendu compte que j’avais encore ma place parmi les Carabins. J’aurais regretté de ne pas revenir. Je voulais au moins essayer de jouer une dernière saison.»

Dès janvier 2012, Alexandra Lojen a fait preuve d’une grande ténacité et s’est fait opérer pour reconstruire son ligament. La première fois, un tendon de son ischio-jambier avait été utilisé et elle avait pu revenir au jeu après moins de six mois. Cette fois-ci, le chirurgien a pratiqué une allogreffe. Cette opération nécessite une plus longue réhabilitation. L’athlète n’a pu jouer son premier match que 10 mois plus tard.

Durant toute cette période, elle est restée près de ses coéquipières, les suivant presque à chaque match et à chaque entrainement. Elle a vu les Carabins remporter le championnat provincial et terminer au quatrième rang au Canada en mars dernier.

«Elle a vécu une souffrance émotionnelle et physique, dit Olivier Trudel. C’est dur de ne pas pouvoir prendre part aux victoires de son équipe. Tout le processus de réhabilitation est aussi très éprouvant, mais elle n’était pas seule. Elle a été bien entourée par les autres joueuses et par le programme.»

Poursuivre ses rêves
Malgré sa blessure, Alexandra Lojen caresse toujours le rêve de jouer chez les professionnelles en Europe, comme le font ses anciennes coéquipières Janie Guimond, Nadine Alphonse et Marie-Pier Murray Méthot.

«J’y pense encore, mais je suis plus prudente aujourd’hui. J’ai perdu ma belle naïveté, admet la joueuse de cinquième année. Je vais être patiente et prendre un match à la fois d’ici la fin de la saison. Mais lorsque j’entends parler des expériences des anciennes, ça me donne envie d’y aller moi aussi.»

Alexandra Lojen faisait également partie de la formation B de l’équipe nationale avant de se blesser. Avec cette équipe, elle a participé aux Universiades de 2009 à Belgrade et de 2011 en Chine.

Du succès dans les études
En plus d’avoir obtenu une place dans la première équipe d’étoiles canadiennes à deux reprises au cours de sa carrière, cette étudiante-athlète d’exception faisait partie du Top 8 académique de Sport interuniversitaire canadien au terme de la saison 2010-2011. La porte-couleurs de l’Université de Montréal poursuit présentement sa maitrise en droit et se prépare à passer son barreau prochainement.

Néanmoins, après une carrière sportive bien remplie, la Montréalaise songe à travailler dans le milieu du sport d’excellence à la fin de ses études. «J’ai beaucoup réfléchi ces derniers temps et j’ai découvert que ma seule vraie passion, c’est le sport d’excellence», affirme-t-elle sur un ton toujours très posé.

Il y a donc fort à parier qu’Alexandra Lojen sera toujours auprès de l’équipe la saison prochaine. De plus, sa sœur Stéphanie, de six ans sa cadette, suit ses traces et portera l’uniforme des Bleues en 2013. D’ici là, la capitaine des Carabins profitera de chaque moment jusqu’à la fin de la saison et tentera d’aider ses coéquipières à atteindre les plus hauts sommets. «Si notre saison se termine sur une bonne note, indique Olivier Trudel, ce sera un conte de fées extraordinaire.»

Source : Mathieu Dauphinais, agent d’information sportive