La combinaison gagnante des frères Oshima

Montréal, le 25 janvier 2011 – La défensive du Vert et Or n’a rien pu faire contre ce ballon qui a frappé un joueur de plein fouet avant d’aller se perdre à l’extérieur du terrain. La combinaison des frères Oshima a encore fait recette. Kenny, au centre près du filet, a fait une passe par-derrière à Andy, qui s’est élancé pour réaliser ce qu’il aime le plus, faire exploser une balle au plancher.

Pour la troisième saison, ce passeur et cet attaquant contribuent de façon importante aux succès de l’équipe de volleyball des Carabins de l’Université de Montréal. Leur complicité peu commune s’explique par un grand amour fraternel.

L’arrivée de Kenny dans l’équipe représente l’un des meilleurs moments de la carrière universitaire d’Andy, qui en est à sa cinquième et dernière saison sur le circuit. Durant les deux années complètes où les frères Oshima ont joué ensemble, l’attaquant de 24 ans a été nommé au sein de la première équipe d’étoiles québécoises. Encore cette année, après 12 matchs, il est deuxième au chapitre de la moyenne des attaques gagnantes par manche.

Les débuts d’Andy Oshima avec les Carabins n’ont pourtant pas été roses. Le capitaine des Bleus a connu deux premières saisons difficiles. Non seulement la marche était haute entre les niveaux collégial et universitaire, mais ses études en architecture ont exigé de lui des nuits blanches passées à étudier ou à faire des maquettes. Bien qu’il soit aujourd’hui à la maitrise, on le décourageait dans son programme de poursuivre le volleyball. Ce qu’il cachait à son entraineur. «Je ne voulais pas que ce soit une excuse», affirme-t-il. Il a finalement obtenu un poste dans la formation partante à la fin de sa deuxième saison.

Initié très tôt au volleyball, il était loin du joueur dominant qu’il est devenu. Contrairement à son frère Kenny, Andy n’est pas sportif de nature. Au départ, il s’est senti obligé de jouer parce que son père, d’origine japonaise, était entraineur de volleyball au Collège français, où il a fait ses études secondaires. De plus, il était petit. «Finalement, j’ai grandi d’un coup, à la fin du secondaire», raconte l’athlète de 1,85 mètre.

C’est véritablement sa rencontre avec le regretté entraineur Danny Henriquez au collège Champlain, à Saint-Lambert, qui a suscité chez lui une véritable passion pour le volleyball. «Ma déception, c’est que cela m’a pris des années à me développer, confesse Andy. Je ne suis vraiment à l’aise que depuis les deux dernières saisons.»

Une entrée fracassante
Kenny Oshima, lui, a eu la piqure dès son jeune âge. Il attendait la fin des entrainements de son père en s’amusant avec un ballon. L’athlète de 21 ans a toujours fait partie d’une équipe de volleyball depuis la sixième année.

À son arrivée chez les Carabins, il n’était pourtant pas destiné à devenir le passeur de l’équipe. Il avait postulé pour un poste d’attaquant ou de libéro malgré son 1,75 mètre. Cependant, à la suite de complications de dernière minute, le poste de passeur s’est ouvert à l’aube de la saison. Kenny s’est alors proposé et l’équipe d’entraineurs l’a choisi.

Même si cette position ne lui était pas naturelle, il a connu beaucoup de succès. «Les gars ont été tolérants avec moi», souligne-t-il. Sa saison a été couronnée de plusieurs prix. Il a été sacré meilleur joueur de première année du circuit québécois et désigné recrue de l’année tous sports confondus à l’UdeM. «J’étais super content pour lui», se souvient Andy.

Mu par un sentiment protecteur, Andy avait tenu à faciliter l’intégration de son frère lorsqu’il s’est joint à l’équipe. «Avant l’initiation, dit Kenny, il m’a averti qu’il y aurait un concours de blagues et j’ai pu me préparer. Je n’ai pas gagné, mais je me suis rendu en finale.»

Une complicité incomparable
«Ils ont peu de famille ici, alors les Oshima sont tous relativement proches, estime leur entraineur-chef Georges Laplante. Ils sont protecteurs l’un envers l’autre.» En dehors de leurs cours, les deux frères sont quasiment inséparables. Ils partagent le sous-sol chez leurs parents à Longueuil et pensent louer un appartement en juillet prochain. «On va faire du ski ensemble, on sort prendre un verre, illustre Kenny. On se suit partout.»

La relation entre un attaquant et un passeur est primordiale au volleyball. Même s’il existe une grande complicité entre Andy et Kenny, ne croyez pas pour autant qu’ils hésitent à se critiquer sur le terrain. S’il y en a un qui n’est pas dans son assiette, vous pouvez compter sur son frère pour le bousculer un peu. «Je ne mets pas de gants blancs avec Kenny, assure Andy. Quand ça ne lui tente pas, ce que je lui dis peut être cru. En général, ça marche toujours bien.»

Kenny affirme que jouer avec son ainé est l’une des choses qu’il a le plus aimé dans son parcours sportif. «J’aurais peut-être moins apprécié le sport universitaire s’il n’avait pas été là, confie-t-il. Andy m’apporte un soutien, mais je pense que ça lui fait du bien aussi que je sois là. On passe les moments difficiles ensemble. Même si l’on ne se dit pas grand-chose, il y a un soutien moral automatique.»

Plus tard, ils espèrent pouvoir jouer dans des tournois récréatifs avec leur grand frère Nicolas, un autre adepte de ce sport. «Il nous en parle souvent», dit Kenny avec un sourire. C’est une chose qu’ils n’ont faite que trop rarement.

L’avenir nous dira si le plus jeune des trois frères Oshima, qui poursuit ses études en géographie environnementale, aura autant de succès et de plaisir en l’absence de son ainé. Quoi qu’il en soit, il est loin d’avoir passé un dernier ballon à son frère pour que celui-ci puisse réussir une attaque dévastatrice.